Mardi 23 février, TerraLéo s’est rendu dans le Marais Vernier, au cœur des boucles de la Seine pour rencontrer Yves Joignant. Son nom ne vous est peut-être pas inconnu, et pour cause ! Yves est designer formateur, diplômé en permaculture appliqué. Se définissant comme autodidacte créatif, cette identité lui a permis de créer son propre métier et un lieu à son image : l’Escargotier.
Yves, une créativité au service de l’environnement.
Eduqué par des parents sensibles au respect de la nature, pratiquant la pêche, s’intéressant aux champignons… Ce sont tous ces rapports libres à la nature qui ont développé chez lui une sensibilité particulière. C’est aussi en grandissant à côté d’une zone industrielle (Le Havre) qu’Yves a identifié au fil des années ce qu’il ne voulait ni voir, ni encourager dans son futur. Des inspirations extérieures ont aussi forgé son caractère et sa liberté : « des livres, Jacques Yves Cousteau et le Reggae ».
Avec l’envie de quitter la ville, Yves rejoint une formation pour devenir éleveur d’escargots. C’est ainsi que naitra quelques années plus tard l’Escargotier. Grâce à un professeur passionné d’écologie, il participe au plus grand salon bio de Colmar influençant grandement la direction dans laquelle il se dirigera ensuite. L’élevage d’escargots en place, Yves souhaitait déjà se diversifier. L’éco construction, l’agriculture, la musique, la culture… C’est ce mélange qui offrira au fil du temps de nouvelles perspectives, une identité, un réseau et une économie à l’Escargotier.
La permaculture chez l’Escargotier
La permaculture est une pratique globale, ne s’appliquant pas seulement au jardin. C’est un mode de vie visant à économiser sa propre énergie pour la transmettre aux espaces que l’on crée. Au jardin, à la maison ou plus largement encore, le placement de chaque élément est réfléchi de sorte qu’ils répondent à d’autres besoins. Et tout ça, dans le partage avec des amis ou des volontaires !
Yves nous définit la permaculture comme étant l’art du placement des éléments. Nous l’avons très vite compris lors de la visite de son site. Dans son jardin, une haie de branchage est là pour accueillir la biodiversité. Une pierre est installée près du potager et sert de table de taillage de pierres pour les enfants. Les poussières de pierres s’envolent ensuite dans le potager pour un apport en minéral. Le terrain légèrement en pente est exploité pour offrir à la végétation la lumière nécessaire. De parfaits exemples d’économie d’énergie au service de la terre et d’un lieu réfléchi en fonction de ce que la nature lui offre.
Face à toutes ces idées et installations, on remarque que l’Escargotier est un lieu de démonstration très complet. On y trouve facilement l’inspiration et quelques bonnes idées à mettre en pratique chez soi. Yves nous précise : « Ce que je fais ici, c’est le reflet de ce que je voudrais pour mon village : un four de boulangerie, des ateliers bois, une pépinière, une plateforme de compostage » à l’échelle d’une commune.
Visite du jardin de l’Escargotier, un lieu de vies.
Nous continuons notre rencontre en parcourant le jardin. Yves nous montre qu’en laissant le sol et la végétation faire leur travail, L’Escargotier accueille de jolies surprises. « Ici on ne fait pas comme tout le monde à labourer le sol par exemple » nous dit Yves. L’objectif est plutôt de laisser faire et de récolter ce que la terre a à offrir pour en faire une salade ou pour accueillir de la biodiversité qui bénéficiera au reste.
Une liberté de la nature s’exprimant dans tous les coins. Par exemple des passages d’Homme dessinés naturellement grâce aux allers et venus dans le jardin laissent des zones non piétinées. Elles sont laissées comme telles et offrent des plantes qui sans aucun doute auront une utilité pour la famille de l’Escargotier.
Au détour du jardin, Yves nous fait remarquer un attroupement d’araignées sur une ardoise en plein soleil. C’est grâce à ce genre d’observations que l’on s’adapte à la nature pour cultiver, créer et placer les éléments. Ici des tomates par exemple pourraient être plantées pour profiter de ce point de chaleur.
Finalement « récolter c’est l’entretien ici » nous fait remarquer Yves. « On ne tond pas l’herbe pour l’emmener à la déchèterie mais on la récolte pour produire des bandes de cultures par exemple ». Un gain de temps et d’énergie tout en répondant aux besoins de la terre. « Désherber c’est au pire pour faire du compost mais s’il y a des choses intéressantes ça fait une salade. » conclut Yves.
La permaculture dans tous ses états
Après la visite du jardin, Yves nous montre que la permaculture n’a pas été appliquée qu’à l’extérieur. L’éco, auto-construction de la maison principale du lieu en fait aussi partie. Fabriquée en autodidacte avec l’aide précieuse de ses proches, elle regorge de bonnes idées, de techniques anciennes et d’optimisation de l’énergie. C’est un bâtiment de démonstration faisant partie intégrante de l’Escargotier et dont peuvent profiter les stagiaires.
Yves nous conduit d’abord à l’étage où sont accueillis les participants des formations. Une pièce offrant un espace détente, une médiathèque et faisant aussi office de salle de cours. Nous sommes tout de suite admiratifs de cette charpente faite maison ! Lieu d’exposition des bonnes pratiques, on y retrouve par exemple ce banc de masse.
Ce sont des plaques de terre placées au sol à côté d’une longue baie vitrée. Lorsqu’elles chauffent et qu’elles deviennent plus chaudes que la température ambiante, les calories se libèrent et chauffent la pièce. Cet « éco sol chauffant » permet une réelle économie d’énergie car il chauffe en partie l’espace.
En termes de réduction de la consommation d’énergie, l’Escargotier n’est pas en manque d’idées et d’initiatives. Un four à bois au niveau inférieur fait vivre des soirées pizza mais pas seulement ! Sa chaleur est optimisée et guidée stratégiquement par des conduits ou encore dans un banc de chaleur pour chauffer différents espaces de la maison.
Les activités à découvrir
Au milieu de toutes ces bonnes pratiques, l’Escargotier est avant tout un espace qui répond à des besoins simples : « s’alimenter et se divertir par exemple » précise Yves. C’est ce qui fait toute la beauté de l’Escargotier. C’est sûrement pour cette beauté que 150 personnes environ viennent se former chaque année et un peu plus venant simplement visiter ou donner un coup de main…
Des stages et formations sont proposés régulièrement. Souvent de quelques jours seulement, les formations peuvent aller plus loin et s’étendre sur plusieurs mois notamment avec le dispositif « ma commune en action ». Des cours de conception, d’approfondissement, des stages en milieu professionnel ou encore des formations de formateurs ou de design en permaculture à plus grande échelle. De quoi trouver son bonheur, pour les novices, les curieux ou pour des envies de professionnalisation dans le domaine. L’Escargotier offre aussi l’opportunité de découvrir les pratiques de vanneries grâce aux formations ou stages animés par Lucile.
Il est aussi possible de s’y rendre pour simplement donner un coup de main à l’occasion de chantiers participatifs ou encore pour découvrir les produits de la ferme en vente sur le site. PS : nous avons testé et approuvé le jus de pomme pour vous ! 😉
Une conclusion positive
Sans extrémisme mais bien dans ses convictions, Yves nous prouve qu’il y a des choses positives à prendre dans notre société actuelle mais qu’il est bon aussi de prendre du recul. Pas de discours culpabilisant, c’est plutôt dans la bienveillance et avec une réelle envie d’accompagner le changement qu’Yves voit les choses.
Yves fini notre entretien en nous parlant de ses envies d’ailleurs avec un mode de vie plus nomade. Des rêves de roulottes pour explorer entre la Bretagne et la Normandie notamment. Ce sont sur ces notes de voyages que nous repartons de cette parenthèse dépaysante !
